Le Panel d’experts de la société civile a officiellement saisi le procureur général près la Cour de cassation à Kinshasa, dénonçant la multiplication des discours d’incitation à la haine attribués à Jean-Pierre Bemba.
Selon cette organisation, les propos du vice-Premier ministre et ministre de la Défense, tenus lors de plusieurs meetings politiques à Kinshasa, dans la province de la Tshuapa et à Mbandaka, risquent d’attiser des tensions intercommunautaires et de compromettre l’unité nationale.
Dans sa correspondance adressée au procureur général, le Panel d’experts affirme que Jean-Pierre Bemba a « franchi la ligne rouge de la haine et de la diabolisation » en opposant ouvertement les communautés Baswahili et Bangala.
En outre, il lui est reproché d’avoir remis en cause la nationalité de l’ancien président Joseph Kabila Kabange, une déclaration qui, selon les experts, pourrait aggraver les divisions politiques et identitaires en République Démocratique du Congo.
Des craintes sur la cohésion nationale
Pour le Panel d’experts, ces discours de haine sont susceptibles d’entraîner une escalade de violence et d’anéantir les efforts entrepris pour renforcer la cohésion sociale. « Nous assistons à une dérive inquiétante qui menace la stabilité du pays. Ces discours ne doivent pas être pris à la légère, car ils peuvent provoquer des troubles à grande échelle », a déclaré un porte-parole du Panel.
Les experts exhortent ainsi le procureur général à ouvrir une enquête et à prendre des mesures pour freiner ce qu’ils considèrent comme une menace pour la paix sociale. « Il est impératif que la justice joue son rôle et empêche toute forme de manipulation des identités communautaires à des fins politiques », ajoute la déclaration du Panel.
Un contexte politique sous tension
Cette interpellation survient dans un climat politique déjà tendu, marqué par des rivalités croissantes entre différents acteurs. Plusieurs organisations de la société civile appellent à la retenue et insistent sur la nécessité d’un discours politique responsable et inclusif.
De son côté, le procureur général, saisi de cette affaire, n’a pas encore réagi officiellement. Il reste à voir quelles suites seront données à cette requête et si des actions judiciaires seront engagées contre Jean-Pierre Bemba pour ses propos controversés.
Une situation à suivre de près alors que le pays se prépare à de nouvelles échéances électorales et que les tensions ethniques et politiques restent un défi majeur pour la stabilité nationale.
