Dans une interview exclusive à votre Média, Me. Jonathan UNYOTHA, Avocat au Barreau de Kinshasa/Matete et participant actif aux États généraux de la justice, a salué la tenue de ces assises nationales, qu’il considère comme un moment clé pour repenser l’avenir de la justice en République démocratique du Congo (RDC). Celles ayant ouvert les horizons à toutes les secteurs intervenant dans le secteur de la justice.
Organisés à l’initiative du ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux, Constant Mutamba Tunganga, sous la vision du président Félix Tshisekedi, ces États généraux de la justice suscitent des attentes et des espoirs pour une véritable réforme.
Un diagnostic critique de la justice congolaise
Selon Me Unyotha, la justice congolaise souffre de nombreuses faiblesses structurelles. Dans son analyse, il distingue clairement la règle de droit de la justice :
- La règle de droit est une norme générale, impersonnelle, permanente et stable qui organise la conduite dans une société.
- La justice, quant à elle, est la sanction d’un raisonnement juridique engagé.
Face à cette distinction, il pose une question fondamentale : les États généraux doivent-ils prioritairement viser l’élaboration de nouvelles lois ou bien se concentrer sur une réforme des mentalités et des pratiques au sein des institutions ? Pour lui, la réponse est claire : au-delà des résolutions adoptées, il faut une transformation profonde des acteurs qui incarnent la justice.
Une justice gangrenée par les réseaux mafieux
Me Unyotha retrace l’histoire législative de la RDC depuis 1885, notant que les textes législatifs et réglementaires ont souvent été suffisants en théorie pour répondre aux besoins de la population. Pourtant, des réseaux mafieux ont continué d’opérer dans l’ombre, sapant les efforts de réforme. Il estime que, pour assainir la justice, il est impératif de renouveler la classe dirigeante en plaçant des personnes intègres et patriotiques à la tête des institutions.
Le conflit magistrats-Ministre de la justice : une guerre d’intérêts
Commentant la tension actuelle entre certains magistrats et le ministre Constant Mutamba, Me Unyotha y voit moins une problématique institutionnelle qu’un affrontement d’intérêts personnels. Il déplore l’existence de magistrats qu’il qualifie d’ »experts en mafia », opposés aux réformes parce qu’elles menacent leurs privilèges illégitimes. En revanche, il souligne que la majorité des magistrats partagent la vision d’une justice véritablement au service du peuple.
Pour Me Unyotha, il est crucial de privilégier la volonté du souverain primaire, le peuple congolais, qui aspire à une justice distributive, équitable et sérieuse. Cette aspiration doit surpasser les intérêts individuels qui freinent les réformes.
Une nécessité de réformes concertées
Jonathan Unyotha insiste sur l’importance d’une mise en œuvre concertée des résolutions issues des États généraux, en veillant à ce que celles ayant obtenu la majorité soient appliquées de manière urgente. Cependant, il avertit que les textes seuls ne suffiront pas. Des réformes structurelles doivent être accompagnées d’un recyclage des mentalités et d’une lutte implacable contre la corruption.
Un appel à l’action pour une justice crédible
En conclusion, Me. Unyotha réaffirme que l’avenir de la justice congolaise repose sur la conjugaison de volontés politiques fortes, de réformes structurelles et d’un engagement collectif à éradiquer les pratiques mafieuses. Les États généraux de la justice doivent marquer le début d’une nouvelle ère, où la justice congolaise ne sera pas seulement une institution, mais un outil efficace et crédible au service du peuple.
L’appel est lancé : il appartient désormais à tous les acteurs impliqués d’unir leurs forces pour bâtir une justice digne de la RDC.
N. EKILA
