Elle n’est pas que scolaire ou parlementaire! Elle est aussi et surtout scientifique. Une rentrée pas comme les autres. Pas besoin d’être prestidigitateur pour en deviner la raison. Un simple coup d’œil sur le calendrier suffit pour réaliser que le quinquennat est à son crépuscule. Bon nombre de prétendants au top job et leurs acolytes affirment ne pas être en campagne tout en la faisant tambour battant. Le bémol, on oublie la sempiternelle misère du peuple et la formation des populations sur la vision du parti. Bien malin celui qui pourrait entonner le « Tout va très bien madame la marquise ».
Malgré la double contrainte du seuil, l’on note plusieurs candidatures aux législatives nationales et provinciales. Nombreux, n’attendent que recevoir quelques billets de Banque et se reposer carrément car incapables même d’apporter au parti ou regroupement politique simplement 100 voix pouvant l’aider à atteindre le seuil d’éligibilité. À la présidence, les candidats au top job ? Il y en aura pour tous les goûts et pour tous les coûts. Déjà, dès le seuil de l’opération « dépôt des candidatures », le ton est donné.
Sans offenser les candidats à la plus haute charge de la République, force est, d’ores et déjà, de constater que la cuvée 2023 va ressembler aux millésimes 2006, 2011 et 2018. A savoir que les candidatures sérieuses- à compter sur les doigts d’une main- vont côtoyer quantité d’autres demandes …alimentaires. Ces candidatures de témoignage à large spectre allant des candidats trouble-fête aux postulants pour rire en passant notamment par des aspirants-alibi. Il s’agit des candidats qui ne se font la moindre illusion sur l’issue du scrutin. Beaucoup parmi eux ne battront même pas campagne, faute de moyens. Certains vont jouer la carte du désistement en s’offrant au plus offrant. Mais tous espèrent tirer profit du « statut » de candidat Président de la république. Un statut à rentabiliser dans tous les cas de figure. La caution étant généralement considérée comme une mise de départ qui attend un retour sur investissement. S’auto-saborder en dernière minute et appeler à voter utile. Ou dans l’hypothèse du glissement, se positionner dans la redistribution des cartes inhérente à toute rencontre entre acteurs politiques.
Ainsi, sous les tropiques rd congolaises, convoiter le fauteuil présidentiel ne sous-entend pas forcément qu’on nourrit un dessein national pour ce pays-continent. A en juger par les premières candidatures à la magistrature suprême, tout indique qu’au mieux l’histoire bégaie et au pire se répète. Difficile, alors, de pronostiquer la sortie du tunnel lorsque tout ou presque renseigne que l’on continue à tourner en rond. En jargon kinois : «Toza ko rond-point».
Pourquoi alors aller aux élections si l’on sait qu’on ne gagnera pas et on est sans vision ? La faute est attribuée sans doute à la nature foncièrement patrimoniale des « partis politiques » congolais. Le patron du parti est en réalité le propriétaire, façon pater familias. Dans la plupart des cas, l’immeuble abritant le siège du parti appartient au fondateur lorsqu’il ne se confond pas avec son domicile ! A partir de là, les règles du jeu sont claires : tout est fait à la mesure et à la gloire du président. Dans sa typologie sur les partis, Maurice Duverger, parle de partis rigides pour des raisons liées à l’organisation. Sous les tropiques congolaises, la rigidité obéit à bien d’autres ressorts que ceux évoqués par le « pape francophone » des sciences politiques. C’est le Président du parti ou personne. Raison pour laquelle, même s’il n’a pas de vision, incompétent, insolent dépourvu de bonnes mœurs, il peut postuler à tous les niveaux plaçant fils, parents, cousins et autres tantôt comme candidats titulaires ou suppléants.
D’où, se questionner sur le vrai rôle et apports des partis politiques dans la gestion de la chose publique. En temps ordinaire, ces questions relèveraient de la science-fiction. Tant comme l’enseignement, son » frère siamois « , la recherche scientifique fait proverbialement figure de parent pauvre depuis des lustres en RDC. Heureusement, le soleil serait en train de se lever sur la Recherche scientifique. Ce secteur pourtant si vital pour tout pays normal serait sur le point de casser la cinquième roue du carrosse. La fumée blanche est sortie de l’Université de Kinshasa, où, Clovis NUMBI NUMBI, actuellement député provincial à Lomami ainsi que politique praticant ayant accumulé suffisamment d’expériences, venait de présenter les résultats d’une étude importante qui a porté sur « Alternance des Partis Politiques et Gouvernance Publique en République Démocratique du Congo ». Ici, il a analysé, sans gants, l’apport des partis politiques dans la gouvernance publique partant de leurs rôles constitutionnels des structures de formations des gouvernants. Sans doute, actuellement, les partis politiques sont sources des antagonismes, de la haine, de l’animosité et de la frustration, bref de mauvaise gouvernance à l’interne, et mettent en mal la cohésion sociopolitique et la gouvernance de l’Etat. Et sont quelque fois à la base du disfonctionnement institutionnel et des crises multiformes qui ont hanté la gouvernance publique, au motif d’une part qu’ils se servent de l’Etat au lieu de le servir, et d’autre part que, ils apparaissent plus comme des lieux privilégiés où se négocient les faveurs de gestion, alors qu’ils devraient aussi être des espaces de définition des actions au profit de l’intérêt général et surtout de leur mise en œuvre.
Comment y sortir, le chercheur congolais présente trois scénarios. Primo : il faut un nouvel état d’esprit des acteurs politiques congolais qui passe par leur socialisation à travers la formation continue, l’information régulière et la diffusion de textes légaux et réglementaires relatifs à la liberté associative et à la gouvernance publique ainsi que la mise à niveau des membres et dirigeants des partis politiques. Secundo, la consolidation de la culture démocratique et de gouvernance en encourageant la limitation des mandats des dirigeants au sein de leurs partis. Tertio, le renforcement des mécanismes juridiques et administratifs relatifs à l’organisation et au fonctionnement des partis politiques et de gouvernance.
Un chemin très court et présenter en des termes clairs par Un congolais en sciences politiques. Ce qui démontre l’importance à accorder au domaine de recherche pour lesquels les dirigeants congolais et acteurs politiques sont devenus incrédules. Un prétexte pour les laisser continuer à faire leur volonté comme dans leurs partis politiques où ils les considèrent comme de simples structures de soutien en contrepartie des petits postes. Voilà pourquoi, il n’y a pas d’alternance du vivant du père fondateur autrement appelé autorité morale, initiateur, tymogné, autorité de référence, Eagle… et, ce dernier n’a en réalité des comptes à rendre à quiconque. Dans le fait, sa volonté vaut plus que les textes qui régissent le parti.
Comment rêver émergence que les dirigeants chantent matin, midi et soir sans investir dans le savoir et les détenteurs de la matière grise ? Comment opérationnaliser le concept « pays-solution » sans l’accompagnement des chercheurs congolais ? Investir dans la recherche scientifique n’est donc pas une option. C’est un impératif vital. Si, on veut vivre et non pas seulement exister. Si on veut grandir et non pas seulement vieillir. Si on veut être sujet de l’histoire et non pas seulement demeurer ce variable d’ajustement même à l’échelle de l’Afrique centrale!
Flodel NKIMA
